Le ver marin, la révolution venue des plages

Entrepreneuriat Le ver marin, la révolution venue des plages

Principalement utilisé pour la pêche, on peut trouver le ver marin sur nos côtes bretonnes. Mais si, vous savez de quoi je veux parler ! Ils font des trous dans le sol et laissent des genres de spaghettis de sable. Ils sont également utilisés pour aller pêcher. Il s’avère qu’en plus d’être un appât de choix et un nettoyeur de sable efficace, comme son cousin pour nos déchets, le ver marin est surement la prochaine révolution médicale bretonne.

Une découverte accidentelle

Etudiant en stage au CNRS, Franck Zal s’intéresse au ver marin aussi appelé Arenicola marina. Son étude porte sur sa manière de respirer. L’Arenicola est doté de branchies et, comme tout poisson, doit donc être immergé pour respirer. Sauf que durant la marée basse, notre ami le ver n’est pas sous l’eau.

Poussant plus loin ses analyses, Franck Zal fait alors une découverte incroyable. Le ver marin est le champion d’apnée toutes catégories. Il est capable de stocker jusqu’à six heures d’oxygène grâce à ses molécules d’hémoglobine. De quoi faire rêver tous les plongeurs en apnée !

L’hemo quoi ?

L’hémoglobine ! Si, comme moi, vous ne vous souvenez pas de votre cours de science, voici un petit rappel.

L’hémoglobine est une molécule qui fixe et transporte l’oxygène à travers l’organisme et sert donc au bon fonctionnement de vos organes. L’hémoglobine est présente dans nos globules rouges qui lui permettent de voyager dans le corps humain. Les mêmes globules qui déterminent notre groupe sanguin.

En revanche, chez notre ami le ver, l’hémoglobine voyage en dehors des globules rouge, ce qui en fait un donneur de sang parfait sans aucun problème de compatibilité !

Mais dis-moi, Jamy, comment va-t-il sauver le monde ?

Et bien, Fred, en étudiant tout ça, Franck Zal a découvert que l’hémoglobine du ver était 40 fois plus efficace que la nôtre. Et les possibilités sont immenses : le don de sang, un pansement qui permet de cicatriser plus vite, un gain de temps sur les AVC, etc…

Mais le plus intéressant reste son utilisation lors d’une greffe d’organe. En France, il y a plus de 23.000 personnes qui attendent une greffe. Dans les greffes à effectuer, 50% des greffons sont « jetés » : 20% n’arrivent pas à destination dans le temps imparti pour l’utilisation du greffon et 30% sont rejetés par le corps.

Hélas oui, les greffons ont une durée de vie limitée allant de quelques minutes à quelques heures. Pendant le transport, il faut que l’organe soit maintenu en hypothermie à 4°C. L’organe est plongé dans une solution chimique qui lui apporte ce dont il a besoin pour survivre. Une fois que l’organe est prêt à être transporté, c’est une course contre la montre qui commence ; le froid va commencer à faire des dégâts irréparables à l’organe et la solution chimique perd peu à peu de son efficacité. Et s’il est greffé, il faut encore attendre quelques jours pour que la greffe prenne ou non.

Hemo2Life, la révolution qu’on n’attendait plus

Dans son laboratoire en Bretagne, Hemarina, Franck Zal a mis au point une molécule facilitant le transport des greffons : Hemo2Life. En utilisant l’hémoglobine des vers à la place de la solution chimique, l’espérance de vie des organes est plus élevée grâce à une meilleure oxygénation des tissus. Encore plus fort, lors de tests, le corps des sujets greffés a accepté la greffe trois fois plus vite qu’à l’accoutumée. Un bond en avant dans le soin des patients que le monde médical n’attendait plus.

Après être né et avoir vécu en Belgique, mes racines bretonnes et mon attrait pour la mer ont finalement réussi à me faire déménager en Bretagne. Curieux de tout, je ne suis pas le dernier pour m'essayer à de nouvelles expériences : des sports, des voyages, de la musique et les bières bretonnes qui fleurissent un peu partout.
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