Quand le street art s’empare de l’anse de Quelmer

Exploration Quand le street art s’empare de l’anse de Quelmer crédit photo - © Louisa

Cap sur la Rance, estuaire au charme incomparable reliant la Manche à la capitale bretonne. Établie entre la verdure bretillienne et l’usine marémotrice de la Rance, l’anse de Quelmer regorge de curiosités !

Quelmer la Passagère, le cimetière qui change de visage au gré des marées

En s’enfonçant dans cette anse discrète, on voit se dessiner les carcasses d’épaves aux allures énigmatiques. Si l’on retrouve tant de bateaux échoués ici, c’est qu’à l’origine, cette crique était un port à mouillage pour les sabliers qui venaient y décharger leur cargaison de sable. L’acheminement du sable se faisant de plus en plus rare, le lieu devient paisible et attire les navires essoufflés en quête d’un dernier port d’attache.

L’anse abrite aussi un paradoxe de modernité ; comme pour ressusciter les carcasses oubliées, un chantier naval cohabite avec le cimetière. Adossé à l’un des plus anciens vaisseaux abandonnés sur le rivage, le chantier construit et rénove diverses embarcations.

Si la beauté de la baie réside dans ses trésors naturels, les carcasses de gréements donnent au lieu une dimension mystérieuse. A l’abri des regards, un tel paysage a inspiré de nombreux artistes : peintres, photographes et poètes viennent immortaliser les visages de l’anse de Quelmer. Si les artistes représentent ces bords de Rance sur leurs toiles et leur papier, les graffeurs eux, en ont fait leur terrain de jeux.

Top 5 des œuvres à découvrir dans l’anse de Quelmer.

A Quelmer, pas d’immeubles ni de pans de murs à graffer ? Qu’à cela ne tienne, les épaves de bateaux seront habillées de mille couleurs ! Éphémères et surprenantes, les œuvres de l’anse varient au gré des marées plongeant le cimetière hors du temps.

1. Le fantôme de Quelmer

Sans doute l’une des premières œuvres remarquables du lieu. L’Endormi peint par Philippe Kalvez en novembre 2007 recouvrait la proue de l’une des carcasses maîtresses de l’anse. Désormais légende, cette œuvre ne peut être qu’imaginée, la mer ayant fait son discret travail en l’effaçant.

1 bis. Une femme à la mer

A sa place, vous trouverez une œuvre d’Heol Art, artiste rennais habitué de l’art urbain et du cimetière de Quelmer. En 2014, il peint la « Femme Proue » qui prendra place, comme son nom l’indique, sur la proue du bateau échoué. Aujourd’hui, un homme emprisonné a remplacé  à son tour la « Femme Proue » sur cette épave au bout de la plage.

2. A chacun son œil de Moscou

Cette même carcasse du fond de l’anse semble inspirer les graffeurs : opposé à la réalisation de Heol art, un œil anonyme domine l’autre face, donnant vie au défunt gréement comme pour veiller sur le cimetière.

3. Esprits-êtes vous là ?

Parsemées dans le cimetière, plusieurs œuvres signées Kevped, hantent les bords de Rance en ornant les flancs de bateaux. On peut apercevoir trois visages dubitatifs coincés entre deux vaisseaux ou un rat las sur le pont d’un navire fatigué.

4. Mayday, mayday, mayday, navires coulés à Quelmer

En arrivant sur la plage, une œuvre attire l’attention en jouant avec les arêtes d’une carcasse éventrée. Morse ou langage marin, ce qui pourrait être assimilé à un code secret alterne entre cercles et rectangles rouges, noirs et jaunes cachant peut-être un autre mystère de l’anse.

5. Le fossoyeur de la Rance

Gare à ne pas se faire croquer par le requin ouvrant le bal des œuvres au bord de la Rance. D’un œil aguerri il faudra se munir, cette réalisation jouant avec le squelette d’un navire abandonné pour laisser apparaître un squale affamé.

Si les œuvres citées sont les plus remarquables, ainsi que les plus visibles, d’autres sont à dénicher entres les épaves échouées dans l’anse de Quelmer la Passagère. Quelques surprises vous attendent sur place, ça vous tente une prochaine exploration ?

Après un exil chez les Savoyards, que j’ai tenté de convertir au beurre salé et au Kouign Amann, je suis de retour en terre natale. Toujours avide de découverte, je ne me lasse jamais de fouler notre belle région. Mon cœur est à Rennes mais je ne résiste jamais longtemps à l’appel des vagues et de l’air iodé.
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