L’été est synonyme de beau temps, de vacances, et pour beaucoup, de festivals ! En Bretagne, la saison des festivités bat son plein. Musique, repas sur le pouce, euphorie… On en oublierait parfois nos bonnes habitudes. C’est peut-être un bon résumé de votre dernier festival ? Et pourtant ! Aujourd’hui, Port d’Attache s’associe à la P’Art Belle, un festival engagé, pour vous montrer que festival et écologie sont loin d’être incompatibles.
L’impact écologique des festivals
D’où vient la pollution des festivals ?
Avant de se lancer dans le comment, petit topo sur le pourquoi les festivals ont un très fort impact environnemental. Tout d’abord, le premier poste de pollution correspond aux transports. La venue des festivaliers et des artistes peut représenter jusqu’à ¾ des émissions de CO2 de l’événement. La logistique, l’eau, les groupes électrogènes. Les dépenses énergétiques liées à l’organisation de festivals toujours plus importants sont énormes. Au vu des enjeux climatiques, elles ne peuvent être négligées. À l’échelle des festivaliers, les gobelets et tous les déchets qui finissent par terre sont aussi problématiques. Faire la fête ne veut pas dire oublier la planète !
Développer des alternatives : le festival la P’Art Belle
Face à ces constats, en 2018, Louise Robert décide de monter l’association la P’Art Belle. Plus qu’une envie, c’est pour elle “un déclic et un besoin de s’engager sur des questions environnementales et sociétales”. Si vous lui demandez de définir son événement, elle vous répondra avec poésie que c’est “un espace où on peut expérimenter des choses”, “un moyen de créer du lien et des temps inédits” car “l’art est un joli moyen de rassembler”. L’idée n’était pas forcément d’enrichir l’offre des festivals bretons, mais bel et bien de créer quelque chose de nouveau, d’écrire une histoire différente. Un beau résumé : de l’art, de l’humain et des actions pour l’environnement.
Artistes, citoyens se mobilisent pour construire la première édition du festival, en 2019. Mêler art et environnement, voilà le fil rouge de la P’Art Belle. Le festival la P’Art Belle se veut multiforme. En plus de concerts, le week-end mêle ateliers, spectacles, tables rondes et même gastronomie.
Faire la fête c’est bien, mais faire la fête et respecter l’environnement c’est mieux
L’apparition des éco-événements
Dans le domaine des festivals, mais aussi pour les séminaires d’entreprises, les salons ou encore les foires, la prise en compte de l’environnement est de mise. C’est ce qu’on appelle des éco-événements. Tout au long du processus d’organisation et de déroulement de l’événement, tout est pensé pour limiter l’impact environnemental. Le choix du lieu, les mobilités, la restauration, la communication, il faut penser à tout. C’est alors tout un travail de réflexion pour allier durabilité, localité, qualité. La mission est de trouver des alternatives raisonnées et raisonnables.
Comme l’explique Louise, le plus dur est parfois de passer à l’action et de changer les habitudes. Les idées et les solutions ne manquent pas, cependant, les mettre en œuvre n’est pas aussi simple. L’effort nécessaire, la peur parfois, constituent des freins. La P’Art Belle adopte une vision plus enthousiaste et artistique et voit cela comme un challenge. Mettre en place un éco-événement doit être un plaisir et non une contrainte !
Sensibiliser et mobiliser les festivaliers : un enjeu fondamental
Ainsi, si de plus en plus de festivals s’engagent à être moins polluants, la mobilisation doit aussi se faire du côté des festivaliers. Et pour cela, inutile de blâmer celui qui laissera traîner son gobelet ou se trompera de bac de tri. Il faut avant tout être pédagogue et sensibiliser les gens à une échelle plus grande que celle de l’événement. Et ça, la P’Art Belle l’a bien compris. En 2021, l’association remporte l’appel à projets « Mobiliser les Bretons et Bretonnes pour les transitions », synonyme que le festival œuvre concrètement pour la transition écologique.
Chaque année, le festival axe sa sensibilisation autour d’une thématique. Et puisque la Bretagne compte près de 2500 kilomètres de côte, l’édition 2022 est centrée sur l’océan. Entre la pollution plastique et la montée des eaux, les enjeux sont majeurs et il y a beaucoup à faire.
Ainsi, des tables-rondes sont organisées. “Une pêche responsable est-elle possible ?” ou “La voile, l’alternative souhaitable (et possible) au transport maritime ?” sont par exemple des questions abordées. Au rendez-vous, des invités d’origine diverse qui ont, de près ou de loin, un lien avec la mer. On peut citer Yvan Bourgnon, navigateur et fondateur de Sea Cleaners, un projet qui lutte contre la pollution plastique des océans. Mais aussi Claire Nouvian, présidente de l’association Bloom qui lutte contre la destruction des océans et notamment contre la surpêche. Finalement, des personnes et des projets inspirants pour sensibiliser dans la bienveillance et l’échange.
Voir cette publication sur Instagram
S’engager de A à Z : cohérence et conviction dans la démarche
Les engagements du festival la P’Art Belle
Pour témoigner de la possibilité d’allier fête et environnement, rien de mieux que des exemples. Et pour cela, immersion dans les engagements de la P’Art Belle.
La P’Art Belle opte pour une communication responsable en faisant appel à des imprimeurs engagés. Des marque-pages ont été réalisés et imprimés sur du papier ensemencé, ce qui permet de leur donner une seconde vie !
La scénographie se veut éco-conçue et le public est invité à la construire à travers des chantiers participatifs. Cela permet d’engager concrètement les gens et de créer du lien, en plus d’étendre l’événement en dehors des dates. Dans la continuité du matériel, les enceintes utilisées fonctionnent à l’énergie solaire.
Quant à la billetterie, les tarifs sont accessibles et une part de chaque billet vendue est versée à une association. Cette billetterie est également limitée. Avec une jauge de 1000 personnes, le festival veut garder une taille humaine et assurer la préservation du lieu d’accueil.
Participer au festival la P’Art Belle c’est l’expérience de tester des toilettes sèches. C’est par ailleurs l’opportunité de manger des produits locaux, de saison et biologiques. D’ailleurs, la vaisselle est réutilisable et donc consignée pour éviter la vaisselle jetable.
En plus des tables rondes évoquées, des animations sont proposées au festivalier comme l’opération “Sors tes couverts”. Cela se fait une nouvelle fois dans un mouvement de bienveillance et de prise de conscience.
Finalement, l’objectif est que chaque action rende un tout harmonieux et cohérent avec l’ADN du festival ; mission réussie pour la P’Art Belle.
La programmation : interview de Gael Faure
Pour que, comme on dit “la boucle soit bouclée”, le choix des invités doit lui aussi être réfléchi. Un artiste dont on sait qu’il n’a aucune sensibilité environnementale et se déplace en jet-privé n’aurait pas trop de sens… Cela semble logique ! Ainsi, la P’Art Belle sollicite des chanteurs et chanteuses avec qui elle partage des valeurs. D’ailleurs, la programmation se veut également paritaire et intergénérationnelle : un festival par et pour tous et toutes.
Parmi les artistes présents, Gael Faure, auteur-compositeur-interprète. Originaire d’Ardèche, il est très sensible à la cause climatique et environnementale. Se voyant comme un “artisan-artiste”, il est primordial pour lui d’être le porteur d’un message et d’inviter les gens à la réflexion. “On se doit aujourd’hui de s’éduquer avec la planète”. Port d’Attache lui a posé quelques questions :
Pourquoi participer à la P’Art Belle ?
Dans la carrière que je mène et dans ma démarche artistique, j’aime beaucoup choisir les lieux où je vais me produire. Pour moi je trouve que c’est urgent d’aller vers ce genre d’événements. C’est plus noble, à taille humaine, c’est moins énergivore. […] Ça me parle et je suis très heureux de participer. J’ai envie de donner de la force et de la voix à ces festivals qui prennent des risques, proposent de nouvelles choses.
Est-ce que tu te vois comme l’ambassadeur d’une cause, capable de changer les choses ?
À la base, je le fais déjà pour moi, j’essaye d’être en cohérence avec moi-même. […] Ensuite oui je fais ce que je peux pour donner un sens, pour suivre une ligne en cohérence avec mes valeurs. Il y a des limites, mais c’est à nous d’essayer de les dépasser.
Ton récent EP « L’eau et la Peau » est entrecoupé de moments où tu parles, pourquoi ce choix ?
Pour la version live de mon EP, je voulais proposer un peu autre chose. Je ne voulais pas que les titres s’enchaînent un peu froidement. J’avais envie de parler entre ces titres : comment ça a été fait, pourquoi, etc. Et je trouve ça cool, ça ressemble un peu à mes concerts d’ailleurs. Enfin ça dépend où on joue, mais j’aime bien accompagner mes chansons de petits moments d’interaction avec le public, de réflexion, d’introspection…En fait, j’aime beaucoup cette proximité, c’est vraiment chouette.
Finalement, un artiste qui délivre son cœur et ses valeurs dans ses chansons pour, autant qu’il le peut, faire bouger les choses.
Les informations pratiques du festival la P’Art Belle
Si la description du festival la P’Art Belle vous a séduit, voici quelques informations pratiques. L’événement se tient à Sarzeau, dans un cadre remarquable qu’est le domaine de Kerlevenan dans le Golfe du Morbihan (56). L’édition 2022 se déroule les 3 et 4 septembre. En plus des tables rondes et de la prestation de Gael Faure, d’autres concerts mais aussi des spectacles et des animations pour petits et grands sont à retrouver. La programmation en détail est disponible sur le site internet de la P’Art Belle.
Pour conclure, allier festival et environnement c’est possible, et ça ne rend pas pour autant la fête moins folle pour autant ! Il suffit d’y mettre un peu du sien et de tester, d’essayer des solutions ! Et vu tous les festivals en Bretagne, cela fait un grand terrain de jeu ! Et vous pouvez d’ores et déjà vous y mettre de votre côté avec notre guide pour manger local en Bretagne.