Entre l’Océan Pacifique et la mer des Caraïbes, un vent léger et chaud caresse ce soir une plage reculée dans ce petit pays d’Amérique Centrale. Entre le Honduras et le Costa Rica, il représente tout de même environ 4,5 fois la Bretagne et est encore préservé du tourisme de masse, mais pas des bretons du monde. Nous allons le découvrir…
C’est ce même soir que la lune a décidé de mettre sa plus belle et lumineuse robe : elle est pleine, ronde et éclatante. Elle nous éclaire d’une lumière feutrée et avait orgueilleusement lancé un duel inutile avec l’incandescent feu de bois allumé ce soir là. Elle qui partait favorite avec sa hauteur, avait fini par reconnaître que le feu brillait lui aussi. La seule enceinte bat son plein et le punch artisanal a un goût prononcé de « reviens y ».
Je suis au Nicaragua, sur sa côte Ouest.
Toujours à la recherche des plus belles vagues, des bretons du monde, avec des gens attachants et charmants, les nicaraguayens.
On y trouve un excellent rhum local, se déplace dans des bus bondés capables de traverser le pays contre seulement quelques córdobas, la monnaie locale.
La nourriture est très bonne et peu de produits sont issus de l’importation.
En plus du Gallo Pinto, des quesadillas, des burritos, et des tacos, de toutes ces couleurs qui dansent dans leurs assiettes, ils ont toutes ces notes musicales latines qui tambourinent dans leurs veines. Ces notes qui les poussent à danser la vie, tout le temps. Ils ont aussi cette douceur de vivre, qui nous donne l’impression que les jours leurs glissent sereinement dessus, que la vie s’écoule paisiblement.
Ici, l’espagnol on le parle lentement. En le chantant subtilement, avec un accent atypique, on articule et on prend son temps.
Ce sont des journées douces qui s’écoulent. Des journées entières que je passe à observer la courbe d’une vague, le bal des pélicans qui se joue en fanfare avec les séries qui rentrent.
Et aussi à blaguer avec les locaux avec lesquels je tente ardemment de rafraîchir mon espagnol.
J’ai eu la chance de me lier d’amitié avec des Nicas merveilleux, qui sans le vouloir m’ont donné plein de belles leçons de vie.
Ils vivent de rien, de surf et d’une pêche quotidienne.
Ils sont toujours prêts à partager le moindre fruit, le moindre poisson, la moindre goutte d’eau. J’ai été vraiment marquée par cette générosité.
Je sais que dans tous les récits de voyage, on vous parle de chaleur humaine. Mais, ici c’était différent, il y avait ce petit truc en plus : ce sentiment que tout est encore possible, que les choses peuvent se construire de façon responsable, durable et respectueuse de la nature et des gens.
Les routes sont souvent de mauvaise qualité. Et dans des véhicules douteux parfois, je dois traverser divers cours d’eau pour arriver à destination : un petit spot préservé, authentique avec une vague qui possède un nom chantant et aussi rond que la poche d’un biniou : Popoyo.
Popoyo, ça a un peu l’air d’une colonie de vacances : un endroit tranquille, en pleine nature, où on rencontre plein de copains, et surtout plein de bretons du monde, avec qui on se marre toute la journée. C’est peut être pas pour rien que afin de perfectionner mon breton, le nouveau mot que j’apprends ici est « plijadur« .
Et ce mot, c’est deux bretons du monde qui me l’apprennent que je rencontre durant ce fameux soir de pleine lune, autour d’un feu de bois. Malo et Axel sont deux grands copains. Surfeurs, ils ont échoués ici, au Nicaragua pour un surftrip composé de belles vagues, d’aventures et de pures rigolades. Ils ont respectivement Concarneau et Rennes, pour ports d’attache.
On aurait dit que le Nicaragua était le repère des Bretons du monde.
Le monde est petit, le monde breton encore plus : c’est ici même que les routes de Malo et Zoé s’étaient croisées à nouveau. Camarades de classe au collège, après des années sans s’être vus, ils se retrouvent par hasard sur cette plage, entre deux vagues. Il faut le faire quand même !
Zoé, originaire de Concarneau, avait aussi choisi le Nicaragua pour son côté sauvage et ses habitants charmants. C’est une grande voyageuse, elle venait de parcourir de nombreux pays voisins du Nicaragua pour explorer et découvrir l’Amérique Centrale.
Elle est souriante, ouvre grand les bras à la vie et joyeuse comme tous les bretons du monde que je rencontre ici. Avec elle, on se retrouve dans une soirée 100% nica qui avait lieu dans le rade du village. Ça chante, ça rit, ça danse à foison et ça fait la fête en bonne et dûe forme. Zoé y est comme un poisson dans l’eau, à l’aise comme un macareux après sa migration, en pause estivale bretonne.
Malo, lui se présente en me disant qu’il habite à Bordeaux mais qu’il vient de Bretagne. Il est comme beaucoup de bretons du monde que je rencontre à travers le globe : il possède ce sentiment fort pour ses racines et ses origines. Même s’il ne vit plus en Bretagne, il l’évoque systématiquement pour se présenter. C’est beau à voir, les bretons sont fiers de l’être.
Il me parle de la Bretagne avec des mots doux, j’y perçois une belle nostalgie : la Bretagne lui manque, il y retournera aussitôt arrivé en France.
Axel est musicien, il a monté un groupe de musique indie pop à Rennes, Sternn. Et j’avais sûrement trouvé le breton ici, capable d’apprécier la poésie de ce moment si propre au Nicaragua : le camion de fruits et légumes qui, pour son marquer son passage, fredonnait un semblant de mélodie racoleuse et entêtante : « Banana, banana, Cebolla, cebolla, Papaya, Papaya, Tomaté, Tomaté, Kalala, Kalala… » Cet air tellement Nica, lui plaisait en effet et j’aime me dire qu’il ne l’oubliera pas de si tôt.
La Bretagne c’est The Place To Be pour tous les Bretons du monde
Un petit peu mais sûrement, peut être pas tous les jours, la Bretagne on l’évoque et avec une bonne pointe de fierté. On en parle en se demandant comment les gens du monde entier la voit.
« Vous savez ce que m’ont dit les américains que j’ai rencontrés à l’eau l’autre jour quand je leur ai dit que je venais de Bretagne : « Brittany ? La Torche ? Big famous spot, I really want to surf this wave one day ! »
Malo esquisse un sourire et avec toute son affection pour sa Bretagne, nous dit que « son spot » est célèbre dans la communauté Surf du monde entier.
Quand à Axel, il lance un contest « Rennes, c’est la ville où il fait le plus bon vivre en France. Et ouais les gars, c’est les stats’ qui le disent ».
Le plus bel endroit sur cette Terre, où on y trouve tout ce dont on a besoin, est définitivement la Bretagne.
Toutes les bonnes choses ont une fin
Quand à ce petit paradis d’Amérique Centrale, il était temps pour nous de lever chacun notre ancre. La vie nous emmenait tous ailleurs. Les aurevoirs ont eu des allures de « fin de quelque chose ». Comme la fin des vacances, comme la fin de la colo, on sentait tous arriver quelque chose au même goût que la rentrée des classes : on ne retrouverait plus cet endroit tel qu’on l’avait laissé. Cet endroit où on s’est tellement senti à notre place, le temps de ce surftrip.
On ne savait pas encore quand on y reviendra mais ce qu’on savait, c’est que bien des choses auront changé.
On ne pensait pas si bien dire : à peine quelques semaines après une guerre civile éclata, opposant le peuple nicaraguayen au président actuel. Bien heureusement, tous nos amis vivant sur place sont aujourd’hui sains et saufs. La guerre ayant surtout fait des dommages dans les grandes villes, c’est pas moins de 260 personnes qui ont tristement perdu la vie en se battant pour la justice.
Les choses se sont calmées depuis, mais on avait un bon pressentiment : même si une autre colo se déroulera un jour pour nous ici, on ne retrouvera pas l’exact Nicaragua qu’on a connu, laissé et beaucoup aimé.
Alors, à tous les bretons, mais aussi à tous les autres copains de colo que j’ai rencontré ici et que j’oublierai pas. Quoiqu’il arrive les gars, ce sera toujours un immense plijadur de partager une Toña (bière locale) avec vous, ici ou autre part.
Et quand je parle d’ailleurs, je vous en parle au prochain épisode : les Philippines. Ça vous donnera peut être l’envie de venir y faire une autre colo ?