Une esthétique propre à lui, ambitieux et novateur, Yves De Orestis aka Julio Ificada est directeur artistique, photographe, designer, mais il est surtout un homme ouvert aux diversités que lui offre le monde. Originaire de la côte nord du Finistère, cet aventurier passionné a accepté de nous raconter son histoire à travers ses obsessions, son univers minimaliste, silencieux et ses différentes collaborations. Voici une rencontre avec ce personnage créatif aux multiples facettes :
Les origines de Yves de Orestis
Après l’obtention d’un Bac S, Yves De Orestis fait des études de sport écourtées par plusieurs blessures. À ce moment il faisait déjà de la photo, du graphisme et des sites web pour le plaisir ou pour des amis.
En 2001, il a l’opportunité de travailler – durant une bonne dizaine d’années – pour une marque incontournable de surfwear basée près de Brest, ce qui lui a permis de toucher à tout l’univers de l’image et de la mode : design graphique, communication, publicités, web, stylisme… « C’était une sorte de formation accélérée » dit-il. Entre temps, en 2009, il fonde le label artistique Phenüm. Et dernièrement en 2017, il monte son agence créative se nommant Dunes Studio.
Le photographe est autodidacte, il se nourrit de ce qu’il voit autour de lui chaque jour.
N’ayant pas une connaissance accrue en histoire de l’art, il se laisse plutôt guider par son instinct. Mais il y a bien sur quelques artistes qui inconsciemment l’inspirent de part leur vision contemporaine comme : M.C.Escher, Depardon, Giacometti, Antoine d’Agata, Jonathan Zawada, Gregory Halpern…
Son univers est donc bercé de ce qu’il vit au quotidien. Il se nourrit de ses obsessions pour l’océan, le silence, les contre-cultures, l’épure, la nuit… Il reste inlassablement à l’affut d’instants uniques ou de routines figuratives. Son esthétique – brute, mouvante, minimaliste, obsessionnelle – est toujours teintée de mélancolie et son approche résolument humaniste.
La vie comme pratique et comme inspiration
Yves de Orestis n’a pas à proprement dit d’image emblématique qui lui vient immédiatement à l’esprit. Mais sa pratique, c’est sa vie, sans réelle ligne directrice, confie-t-il. Il vagabonde et appuie sur le déclencheur. C’est un mélange harmonieux, parfois. Sans queue ni tête à d’autres moments. C’est ce qui lui plait.
Les liens entretenus avec la Bretagne par Yves de Orestis
C’est toujours avec plaisir que le photographe collabore, il précise que c’est un échange bénéfique pour lui, une confrontation d’idées, un partage de valeurs et un aboutissement qui mène à un résultat qualitatif et novateur. Il ajoute qu’une collaboration est avant tout une rencontre humaine forte qui fait qu’il souhaite travailler avec telle ou telle personne.
« En Bretagne, c’est avec les gars du festival Astropolis que ça a commencé. On est amis depuis la fin des années 90 quand je suis arrivé à Brest. Le fait de créer leur merchandising à travers mon label Phenüm et de shooter leurs produits est devenu une évidence. Leurs collaborations avec No Name ou Bench étaient un plaisir à mettre en scène et à photographier. »
En ce qui concerne sa collaboration avec les Fileuses d’Arvor, c’est plus récent et un peu différent mais ça reste de l’humain, ajoute-t-il :
« Naomie, la nièce du PDG des Fileuses d’Arvor est une amie et Michel Brest, (le PDG, souhaitait redonner un coup de fraîcheur à leur collection. »
Il a donc pris en main la direction artistique, le shooting photo, le design du catalogue de leur collection Automne-Hiver 2016.
Natif de Saint Pol de Léon, Yves habite à Brest depuis 1998. Il confie qu’après avoir détesté Brest ces deux premières années de fac, aujourd’hui il ne pourrait plus s’en séparer.
« Il faut appréhender cette ville portuaire, la laisser t’envahir, qu’elle te fasse mal et peur puis qu’elle t’apporte son lot de surprises, de beautés, d’étrangetés, de grisaille, de rencontres pour enfin l’aimer et y vivre intensément. »
Les ambitions et projets en cours !
Des projets il en a plein ! Comme voyager et continuer d’ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure. Il souhaiterait aussi faire un trip à New York dans les prochains mois. Et il ajoute que cette année il doit fêter les 10 ans de son label Phenüm en éditant des collaborations inédites !
Quelques mots sur Dunes studio, Phenum Clothing et Bleu Galerie :
Ce breton aux projets nombreux est aussi directeur artistique freelance de l’agence créative Dunes Studio, qu’il a créé début 2017. Cette agence propose divers services : design graphique, création de site internet, production textile… et photographe pour des médias, marques, festivals… (Vice, Red Bull, Desillusion, No Name, Astropolis…).
Il a également fondé en 2009 le label Phenüm pour mettre en avant le travail d’amis artistes à travers le support textile. Au fil de ses collaborations, il raconte qu’une grande famille a pris forme, composée d’illustrateurs, peintres, musiciens, designers et photographes immergés et impliqués dans une variété de sous-cultures (musique, glisse…) et prenant un plaisir non dissimulé à créer de beaux instantanés de vie.
Il précise qu’une trentaine d’artistes gravitent sur ce navire défricheur de nouveaux talents, explorant de nouveaux horizons, soutenant expositions, festivals et labels émergents. La production de chaque édition est limitée et Yves De Orestis apporte une extrême importance à la confection de qualité qui est faite en Europe, en France ou en Bretagne.
D’autre part, « Bleu » est le dernier projet en date qu’il a monté avec Nathalie Bihan. « Bleu » est une galerie éphémère et mouvante à Brest. La première exposition présentait le travail de deux artistes vivant à Paris : Alexis Jamet et Manon Cezaro.
Tout au long du mois de décembre dernier, le lieu proposait des évènements chaque semaine : rencontre et signature avec le photographe Matthieu Venot, dégustation de vins, performances musicales, before… Aujourd’hui, il réfléchit à un futur endroit pour « Bleu n°2 », en 2019, quelque part dans Brest, pour inviter un nouvel artiste. À suivre sur la page facebook : Bleu Galerie.
Vous l’aurez compris Yves De Orestis se voue donc corps et âme à sa passion pour l’océan, la glisse, la photographie et les contre-cultures. En attendant que le vent nous mène vers une future interview de ce breton polyvalent, vous pouvez suivre ses aventures sur son site, son compte Instagram, ou encore sa page Facebook.
Restez attentifs, car des événements sont à venir du côté de Brest ! En attendant vous pouvez partir à la découverte d’un autre photographe explorateur breton, avec le Finistérien Thibault Poriel.