Comprendre la pavillonnerie maritime, partie 2 : N > Z

Culture Comprendre la pavillonnerie maritime, partie 2 : N data-lazy-src=

Comme nous l’avons vu dans la première partie, la pavillonnerie maritime c’est la manière qu’ont les bateaux et autres engins flottants de communiquer entre eux. Grâce aux signaux maritimes, donc. Il y a bien les mégaphones, mais ce n’est pas très pratique en cas de vent. Vous voyez la différence ?

Pour les timoniers, l’avantage de communiquer avec les pavillons, est qu’ils pouvaient se transmettre des signaux codés sans pour autant émettre par signaux radios, qui évitait de se faire repérer. En période de guerre, d’espionnage et compagnie, cela pouvait s’avérer assez malin.

Ceci dit, revenons ensemble sur ce qu’est le Code International des Signaux Maritimes et le langage de la pavillonnerie maritime.

Petit rappel : le Code International des Signaux Maritimes

Dans le Code International des Signaux Maritimes, il y a 26 pavillons. Un pour chaque lettre de l’alphabet, une manière plus claire de se faire comprendre. Chaque lettre représente une idée, qui se nombre d’après la lettre, et qui est normalement compréhensible dans toutes les langues : les fameux Alfa, Bravo, Charlie, Delta… Nous les avons vus dans la partie 1, jusqu’à la lettre M (Mike). Au tour des suivantes, du N au Z. Prenez des notes, on se retrouve à la fin !

N – November

Il ne se hisse pas qu’en novembre et est le contraire même de Charlie (qui veut dire « Oui ») : vous l’avez compris, il signifie « Non », ou que le groupe précédent doit être interprété à la négative.
ou alors, moins sérieusement : « C’est une poupééééée qui fait November, November, November… »

O – Oscar

Avec Oscar, il faut comprendre « Un homme à la mer », et donc faire attention. Différent d’Alfa qui indique un scaphandrier, Oscar précise qu’il s’agit là d’une mise à l’eau non volontaire. Prudence, donc.
ou alors, moins sérieusement : « L’eau est bonne, il paraît. On teste et on vous dit. »

P – Papa

Le pavillon Papa est un pavillon dit de « partance ». En effet, hissé, il dit que « toutes les personnes doivent se présenter à bord, le navire doit prendre la mer ». Il peut aussi être utilisé pour signaler une position, auquel cas, il devra être suivi de 4 chiffres précisant la latitude, être replacé, puis ceux de la longitude (dans cet ordre).
ou alors, moins sérieusement : « Allez les gars, en route mauvaise troupe. »

Q – Quebec

Quebec est un pavillon indiquant « Mon navire est indemne, et je demande la libre pratique ». Ou alors, au même titre que Papa, il possède aussi une seconde signification : celle de gérer les formalités douanières. En effet, il doit être hissé avant l’entrée dans un port et descendu dès la sortie.
ou alors, moins sérieusement : « Je vais bien, je vous jure, je peux y aller maintenant ? »

R – Romeo

Dix-huitième pavillon du Code International, c’est aussi l’un des seuls à ne pas être utilisé pour communiquer un message. A vrai dire, c’est un signal de procédure.

S – Sierra

Si un navire hisse Sierra, il fait savoir aux autres que « Mes machines sont à l’arrière ». En réalité, cela indique que le bateau recule.
ou alors, moins sérieusement : « Laissez-moi vous montrer mon Moonwalk. »

T – Tango

Tango précise aux alentours qu’il ne faut pas passer devant le navire qui l’a hissé. Autant vous dire qu’il faut lui laisser la priorité.
ou alors, moins sérieusement : « Tu ne passes jamais devant la star !! »

U – Uniform

Uniform est de ces pavillons qui ne rassurent personne, mais vraiment personne. Il dit « Vous êtes en danger ». Maintenant, reste à savoir la nature de ce danger…
ou alors, moins sérieusement : « Balin, sonne l’alarme. Appelle tout de suite la garde ! »

V – Victor

Ce n’est pas très grave quand Victor est hissé, mais il reste important. En effet, il signale « J’ai besoin d’assistance mais je ne suis pas en détresse ». Ni bon, ni mauvais signe.
ou alors, moins sérieusement : « Laisse-moi copier, s’il te plaît ! Allez là ! »

W – Whiskey

Non, ce n’est pas parce que Whiskey est hissé que c’est l’invitation à l’apéro pour toute la rade. Au contraire. Ce pavillon demande de l’assistance médicale. Il y a quelqu’un qui se porte mal.
ou alors, moins sérieusement : « Y a-t-il un médecin dans le coin ? »

X – X-Ray

La pavillon X-Ray sert un peu à couper la parole (ou le pavillon en l’occurrence). En effet, il signifie « Cessez d’émettre et écoutez mes signaux ».
ou alors, moins sérieusement : « Chut, tais-toi et écoute-moi »

Y – Yankee

Ni de la bougie, ni du sportif, Yankee est le pavillon du messager. Il signifie « J’ai du courrier ». Pour ravitailler les marins en bonnes nouvelles, c’est plutôt pas mal.
ou alors, moins sérieusement : « Vous avez un nouveau message, aujourd’hui à 16 heures 17… »

Z – Zoulou

Bien moins drôle que son nom, Zoulou sert à attirer l’attention des stations côtiers afin d’entrer en contact avec elles.
ou alors, moins sérieusement : « Est-ce que tu m’entends, hého ? »

Le Grand Pavois : qu’est-ce que c’est ?

Le Grand Pavois est à évoquer quand, ça y est, les signaux maritimes n’ont plus aucun secret pour vous.
Pour commémorer un évènement national (14 juillet, 11 novembre,…) ou célébrer la venue d’un chef d’État, il est très courant de voir un navire de la Marine s’orner d’une guirlande. Mais pas n’importe laquelle : une guirlande de pavillons (ou flammes). On dit alors qu’il est sous « Grand Pavois ». Attention cependant, les pavillons ne sont pas disposés au hasard ! En effet, les marins doivent veiller à respecter un ordre strict tout en évitant de former des mots, que ce soit en français ou dans une autre langue. Le « pavoisement » se hisse le matin à 08h00 et se baisse le soir à 20h00. En revanche, il ne peut être hissé en pleine mer, pour des raisons évidentes. C’est le « petit pavois » qui le remplace, arborant des pavillons nationaux en plus de ceux portés par le bâtiment.

Bonus : le Kroazh Du !

Le saviez-vous ? Le Kroazh Du fait partie des signaux maritimes depuis plus de 500 ans et est exclusivement breton ! Kroazh Du, pour Croix Noire, n’est pavillon maritime seulement lorsqu’il est tacheté d’hermines. Au tout début de son histoire (que certains historiens datent au XIIème siècle!), il était utilisé lors des Croisades. Aujourd’hui, son utilisation est plutôt culturelle et identitaire !

Désormais, vous connaissez tous les rudiments des signaux maritimes. Comme un jeu de rébus, les pavillons vous seront vitaux pour communiquer avec les autres. Vous pouvez d’ores et déjà partir en virée, mais n’oubliez pas vos pavillons !

Un merci tout spécial à Dédé le Brox, 25 ans de Marine (et un talent pour les galettes), pour la documentation et son expérience. Sujet passionnant et à la fois enrichissant ! Et pour en savoir plus cette fois sur un symbole breton, découvrez la signification du Gwenn Ha Du.

Je mange le beurre au couteau et en dépit des années passées loin de la France, je reste très attachée à mon Finistère. Un peu chauvine sur les bords, j'aime l'idée de montrer ma région sous un angle différent et je me base sur une philosophie : nul besoin d'ouvrir les yeux pour voir le monde autrement, il suffit d'ouvrir son esprit.
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