Le gouren ça vous parle ? La Bretagne a ses spécialités culinaires, ses animaux endémiques, mais également ses sports traditionnels. Le gouren en fait partie. Pratique ancestrale, c’est un sport qui continue d’être pratiqué et démocratisé. À la découverte de la lutte bretonne, c’est parti !
Le gouren : découvrez la lutte bretonne
L’histoire du gouren : un sport de plusieurs siècles
Tout d’abord, le terme gouren signifie “lutte” en breton. Il existe de très nombreuses variantes dans les pratiques de luttes et d’arts martiaux et il s’agit d’une d’entre elles. Le gouren est considéré comme l’un des sports les plus anciens et les plus emblématiques de la culture bretonne, remontant à des siècles. En effet, bien que son origine ne soit pas certaine, il date du Moyen-Âge. S’il était au départ réservé aux nobles et à ceux qui se préparaient au combat, il s’est ensuite élargi à la classe paysanne. Au 19ème siècle, des rencontres et combats étaient organisés.
Ensuite, la pratique de la lutte bretonne s’officialise et devient réglementée au début du 20e siècle. Un certain Charles Cotonec crée la FALSAB, Fédération des Amis des Luttes des Sports Athlétiques Bretons. La lutte bretonne devient véritablement un sport régional. Pour son histoire, le gouren est inscrit à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
La pratique de la lutte bretonne en quelques mots
Pour comprendre à quoi ressemble et en quoi consiste la lutte bretonne, voici les principales caractéristiques. Un combat de gouren oppose deux adversaires, hommes et femmes. À l’image des kimonos pour le judo, ils portent une tenue spécifique : une veste de toile blanche, un pantalon noir court et une ceinture. Le combat se déroule pieds nus.
Le gouren est pratiqué debout, sur un tapis appelé “pallen” ou sur de la sciure de bois en extérieur. Chaque concurrent cherche à renverser l’autre. Le but est de mettre les épaules de l’adversaire au sol en premier, ce qui est appelé « résultat parfait » et donne la victoire. Le combat se déroule sans coups ni coups de poing, mais le contact physique est étroit, avec des saisies, des projections et des immobilisations, la plus connue étant l’enroulé de jambe. Sans résultat parfait, la victoire est donnée aux points.
Un combat dure entre 3 et 7 minutes, en fonction de la catégorie. Lors des compétitions, 3 arbitres prennent les décisions, à la majorité.
Quels sont les termes pour parler du gouren ?
Puisque le gouren nous vient de breton, voici les principaux termes de la discipline :
- Dornard : poignée de main, c’est l’accord de loyauté, un rituel avant chaque combat ;
- Lamm : chute, c’est le résultat parfait qui donne la victoire ;
- Netra : rien, cela signifie une chute de l’adversaire mais sans résultat ;
- Kilked : enroulé de jambe, la prise emblématique de la lutte bretonne ;
- Roched : ceinture ;
- Bragoù : pantalon ;
- Diwall : attention, c’est un avertissement donné à un des lutteurs mais sans conséquence ;
- Fazi : faute, donnée après un diwal ;
- Skolioù gouren : club de gouren, pour apprendre à le pratiquer.
La lutte bretonne : un sport d’ampleur internationale
Faisons un point sur la pratique du gouren aujourd’hui et balayons les aprioris. On pourrait croire que le gouren n’est plus pratiqué que par quelques Bretons puristes du fin fond de la Bretagne, mais c’est faux ! La lutte bretonne est une discipline ancestrale certes, mais qui continue d’être pratiquée et bien au-delà de la région.
Voici quelques éléments majeurs :
- Premièrement le sport est inscrit officiellement à la Fédération Française de Lutte depuis 1954 ;
- Il existe ensuite une Fédération de Gouren, Bodadeg ar Gouren, créée en 1980 ;
- Cette dernière fait partie de la Fédération Internationale des Luttes Celtiques depuis 1985, il y a donc des compétitions internationales ;
- Le gouren est même une option officielle au Baccalauréat depuis 1998.
En France, on compte entre 1500 et 2000 licenciés, donc environ 30% de féminines. Il existe des championnats départementaux et interdépartementaux, le championnat de Bretagne et le plus haut niveau : le championnat d’Europe des Luttes Interceltiques.
Outre les compétitions, le gouren est mis en avant lors d’événements culturels et sportifs, comme les Jeux de Bretagne. Il peut également être initié auprès des enfants à l’école par exemple.
Où pratiquer le gouren en Bretagne ?
Finalement, vous êtes peut-être curieux de tester la lutte bretonne ou de la faire découvrir à vos enfants ! Si les clubs proposant le gouren sont effectivement moins connus et répandus que les clubs de foot, ils sont tout de même nombreux.
- Dans le Finistère, une vingtaine de clubs existent : Landerneau, Brest, Quimper, Carhaix, Guipavas…C’est le département où la lutte bretonne est majoritairement pratiquée ;
- Le Morbihan compte un peu moins d’une dizaine de clubs, principalement dans les grandes villes de Bretagne : Vannes, Pontivy, Lorient… ;
- De même pour les Côtes-d’Armor avec des clubs à Lamballe, Saint-Brieuc, Lannion, Guingamp… ;
- Le département d’Ille-et-Vilaine compte lui aussi une petite dizaine de clubs, principalement sur Rennes et aux alentours ;
- Un club existe également sur Nantes.
Si vous êtes intéressé par la pratique, le mieux est de contacter un club de lutte et de demander s’ils proposent du gouren.
Alors, conquis par la lutte made in Bretagne ? Qu’on le pratique ou non, le gouren est avant tout symbolique car il continue de faire briller le patrimoine de la Bretagne. À la différence de certaines danses traditionnelles célébrées lors de certains événements, le gouren perdure et garde sa popularité. Et maintenant, continuez dans l’univers du sport en découvrant les sports historiques bretons.