En quoi la bigoudène À l’aise breizh est devenue un succès ?

Entrepreneuriat En quoi la bigoudène À l’aise breizh est devenue un succès ? crédit photo - © À l'Aise Breizh

Qui est donc cette petite bigoudène À l’aise breizh qui nous sourit à l’arrière des voitures ? L’équipage de Port d’Attache est parti sur ses traces pour tenter d’en savoir un peu plus sur cette bretonne pur beurre.

Le créateur de la bigoudène À l’aise breizh, un brin à l’aise

Qui est le père fondateur de cette petite bigoudène À l’aise breizh ? Xavier Richard, un breton du Finistère Nord (Morlaix – 29) a imaginé cette bretonne aux airs de bande dessinée. Ce Finistérien réalise entre autres les visuels pour le festival “Les Vieilles Charrues” et la “Vallée des Saints”.

El Globos, de son nom d’illustrateur, fut sollicité par Erwann Créac’h, le dirigeant de l’entreprise Morlaisienne À l’aise Breizh. Jeune breton également, cet entrepreneur souhaitait trouver une identité visuelle pour une ligne de tee-shirts ethnico-comiques.

Le nom de la bretonne trouvé, il fallait un logo. Ce fut au cours d’une soirée, à Paris, entre expatriés bretons que la bigoudène À l’aise breizh est née. Ce petit personnage hilare et bondissant émerge de l’esprit de Xavier en 1997. Un imaginaire couronné de succès car encore après de nombreuses années cette bretonne sillonne le monde. Une réussite qui ravit ses créateurs.

Le Port d’Attache de la bigoudène À l’aise breizh 

C’est dans le Finistère Sud (Pont-L’Abbé) et plus précisément le pays bigouden (Ar Vro Vigoudenn en breton) ou encore Cap Caval que nous trouvons les “vraies” bigoudènes. La coiffe des femmes portée au 19ème siècle, donne le nom à ce petit bout de territoire breton.

À cette époque, la coiffe est un élément d’identification. En effet, le type de coiffe ainsi que le type de costume (de travail ou de cérémonie) permet de situer la femme sur l’échelle sociale, de connaître son lieu de vie, etc. Le costume est une carte d’identité.

Concernant l’homme c’est le même principe : nous connaissons tout un tas d’éléments sur son identité en le rencontrant. En jetant un coup d’oeil sur le chupen (le gilet), le bragou (le pantalon), les broderies, le tissu (qualité supérieure ou non et donc provenance de ces tissus), les épaisseurs de tissu (notamment pour les femmes au niveau des jupes), nous pouvons savoir dans un premier temps si l’homme est un paysan ou non.

Puis suivant les détails des modes des différents pays (bigouden, vannetais, glazik, rennais, etc.) nous pouvons reconnaître le lieu d’origine de l’individu.
Au 19ème siècle, la coiffe, petite car celle-ci est plus pratique pour les travaux, est posée sur un chignon. C’est seulement à partir des années de l’entre-deux guerres que la coiffe, telle que la bigoudène À l’aise Breizh la porte, est mise à l’honneur.

Les femmes marquent leur affront aux conditions de vie par le biais de cette coiffe, si peu pratique, très fragile, et longue à poser. Le port de la coiffe devient alors un symbole de revendication contre les dures conditions de vie.

La coiffe évoluera au fil des années en grandissant de quelques centimètres. C’est autour de 1945 que la coiffe trouve sa taille finale. La mode citadine rattrape les femmes et cette coiffe sera de moins en moins portée pour finir par ne plus être portée du tout (années 60-70).

Vous l’aurez bien compris la bigoudène À l’aise Breizh est issue du pays bigouden, de ses traditions culturelles, de ses femmes et hommes qui portaient le costume bigouden. Celui-ci est maintenant un costume traditionnel surtout porté lors des représentations faites par le cercle celtique de Pont-L’Abbé.

Une bigoudène inspirée des symboles bretons

Bien loin des clichés, la bigoudène À l’aise breizh se veut accueillante et ouverte. Le souhait de ses créateurs était de montrer une image de notre culture, notre région qui soit ouverte, drôle, “fêtarde”. La ligne du logo est en forme triangulaire ce qui rappelle l’Hermine.

Cette bigoudène À l’aise breizh, par sa forme et son sourire met en avant l’identité bretonne sous la forme de l’humour. Cette Bretagne, ses habitants sont décomplexés et ont le sens de la rigolade. La Bretagne bouge, innove, se développe. À travers ce logo mouvant c’est cela qui transparaît. Ce logo parle à tout le monde.

C’est un message identifiable par tous. La coiffe bigoudène est le symbole de l’ensemble des costumes de Bretagne. Bien souvent pour ceux qui ne connaissent pas, une bretonne de Rennes (c’est-à-dire une femme portant le costume de Rennes) est une bigoudène.

C’est un peu réducteur et stéréotypé mais c’est une image, un message qui marche. La bigoudène À l’aise breizh se colle sur n’importe quel support, ce qui en fait un atout supplémentaire. En Bretagne, comme partout en France ou à l’étranger, elle est un signe de reconnaissance pour les bretons.

Bien loin des clichés, cette bretonne a pris place dans le paysage breton et compte bien y rester. Joyeuse, rigolote, drôle, accueillante, la Bretonne montre une image dynamique, accueillante de la Bretagne et des bretons. Les stéréotypes sont chassés par cette bonne humeur !

À l’aise breizh, une bigoudène Penn ar !

Hé oui cette petite bretonne, 100% pur beurre salé (précisons le au cas ou) voyage à travers le monde entier. A l’arrière des voitures, elle se paye des vacances à tout moment de l’année.

Déclinée en autocollant, imprimée sur les vêtements, sur le vaisselier, sur les parapluies (utiles en Bretagne ?), elle est présente partout ! En 2010, 800 000 autocollants étaient en libre circulation. Le succès ne cesse de grimper. Elle bouscule les codes et prend la place des triskell et Gwenn-ha-du sur les voitures.

Les bretons sont fiers de cette image véhiculée. Ce sont d’ailleurs les premiers à la coller sur les voitures comme signe d’identification, de reconnaissance. Fier de leur région, ils souhaitent montrer que celle-ci est une région agréable, bien loin des clichés. Une bigoudène faite pour chasser les anciens et actuels clichés.

La bigoudène À l’aise Breizh n’a donc pas de soucis à se faire elle peut être à l’aise !

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Je suis attirée par la mer et ses embruns, amatrice de gâteau breton, danseuse en cercle, le Sud Finistère est une longue histoire familiale. Toutefois, je reste fidèle à la fameuse galette-saucisse !
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