Do It Your Sel, l’association qui agit pour le polyhandicap

Entrepreneuriat Do It Your Sel, l’association qui agit pour le polyhandicap

Do It Your Sel est née d’Alice et de la mer, en 2004. Alice, c’est une jeune fille atteinte d’un polyhandicap, qui la rend dépendante. Ses parents, Jean et Valérie, s’adaptent au quotidien pour améliorer la vie de leur fille. Ils ont créé l’association Do It Your Sel, qui, en proposant un coffret permettant de créer son propre sel à la maison, contribue à financer des actions envers les personnes aidées, mais aussi les aidants. Vous avez mis des paillettes dans votre vie en 2019, pourquoi pas y mettre un peu de sel, en 2020 ?

Rencontre avec Jean Chéneau, à l’origine de la création de Do It Your Sel

Quand avez-vous créé l’association Do It Your Sel ? Quelle est son origine ?

L’association est née en 2004, autour de notre famille. Avec ma compagne, nous avons une fille qui a maintenant seize ans, et qui est atteinte d’un syndrome de Rett, un polyhandicap lourd. Elle est totalement dépendante au quotidien.

Comment est venue l’idée de Do It Your Sel ?

Chaque été, nous passons vos vacances sur l’île de Noirmoutier. Plusieurs de nos amis ont trouvé notre quotidien lourd, et voulaient se rendre utiles. Un jour, on se retrouve dans le marais salant d’un ami. À la fin de la visite, le saunier, Nicolas, offre une petite bouteille d’eau de son marais à ma fille, en lui disant : “Tiens, comme ça, tu pourras faire ton sel à la maison, et ça te rappellera des souvenirs de Noirmoutier”. Pas du fameux sel du Guérande, mais cette fois du sel de Noirmoutier.

Puis, le soir, nous étions tous autour de la table, et on s’est dit, “voilà, elle est là la bonne idée ! Il faudrait qu’on réussisse à promouvoir un produit avec cette base, cette eau, pour que les gens puissent faire leur sel chez eux”. On a donc mis deux ans pour sortir le coffret, puisqu’il y a beaucoup de normes et de nombreuses autorisations à obtenir lorsqu’on vend de l’eau. On est arrivé à réaliser ce coffret, qui contient une bouteille de 50 cl d’eau, qui est la même que celle du marais salant, saturée à 300 gr de sel par litre, contre 30 gr/litre pour l’eau de mer. Avec notre coffret, on peut donc récolter 150 g de sel.

Pourquoi le sel ?

Parce que le sel, c’est l’origine de la vie ! Il y a une vraie valeur autour du sel, alors on s’est dit, “utilisons ça !”.

Comment crée-t-on son sel, avec le coffret Do It Your Sel ?

C’est très simple, il y a juste besoin de verser de l’eau dans une petite soucoupe. Et puis, avec l’évaporation, en quelques heures, le sel va être cristallisé. En 24 h, l’eau sera totalement évaporée, et en 48h, vous avez votre sel, prêt ! Puis, vous pouvez recommencer l’opération autant de fois que vous le voulez, tant que vous avez de l’eau.

Le succès a-t-il été au rendez-vous ? Quelles actions menez-vous grâce à la vente du coffret ?

Oui, nous avons eu un succès immédiat qui nous a permis de réaliser des actions concrètes autour du polyhandicap. Pour nous, nos actions sont : des loisirs adaptés aux personnes polyhandicapées, le financement d’une luge adaptée aux personnes handicapées ainsi qu’une joëlette, etc. On a participé au financement d’un manège équestre, adapté aux personnes handicapées, dans le but de faire de l’équithérapie.

Vous vous engagez aussi pour aider les familles, les aidants…

Nous mettons en place des formations pour les familles. Quand quelque chose comme ça vous tombe dessus, finalement, personne n’est prêt. Nous, on a un instinct de parents qui est plus ou moins développé dans les familles, et nous nous sommes formés, mais cela reste très compliqué.

Cela se passe à Paris, il n’y a qu’un des deux parents qui peut aller se former… Avec ma femme, on a vraiment essayé d’avoir un équilibre familial, qui permet à chacun de s’occuper de notre fille. J’ai d’ailleurs changé d’activité professionnelle pour travailler la nuit, et ainsi aller aux rendez-vous médicaux la journée.

On a donc organisé notre vie autour d’Alice, sans oublier sa sœur jumelle, Louise.

On a créé une dynamique autour des parents aidants en Loire-Atlantique, et c’est très valorisant pour l’association. Le comité de pilotage de la conférence nationale du handicap a décerné le label 2019 “Tous concernés tous mobilisés”, à notre association Do It Your Sel, dont on est très fiers ! On part du principe que si l’aidant va bien, l’aidé va mieux. Les chiffres le prouvent, puisque 80% des aidants sont hospitalisés avant les aider. L’aidant est au cœur d’une problématique qui commence à être prise en compte.

D’autres projets à venir ?

On a un très gros projet, qui s’oriente vers tous les aidants, en France il y en a 11 millions. Ce serait une plateforme vidéo, pour former les aidants. Notre but est d’être le plus ouvert possible et d’apporter des solutions, mais avec une certaine légèreté, quand notre environnement est lourd et psychologiquement épuisant. En tant qu’association, nous devons apporter des solutions pour les familles, des solutions simples et dynamiques, pour fédérer, afin que personne ne se sente isolé.

On vend environ 2 000 coffrets Do It Your Sel par an, ce qui nous permet de financer plusieurs actions.

Vous pouvez vous procurer le coffret pour fabriquer votre sel à la maison directement sur le site internet de l’association Do It Your Sel. L’intégralité des ventes est reversée pour accompagner le polyhandicap. Une belle initiative solidaire de l’association, qui met en avant le patrimoine local, en utilisant le sel de l’île de Noirmoutier.

Parce qu’en Bretagne aussi, nos entreprises décident d’allier économie avec patrimoine local et naturel, jetez un œil aux bonnes idées de la marque EÏOS marine, avec ses savons bretons à la barbe de moule.

J’ai traversé la France depuis les Hautes-Alpes pour m’installer à Auray dans le golfe du Morbihan, et la Bretagne m’a immédiatement conquise ! En tant que journaliste diplômée, ma soif de découverte me mène un peu partout en France et dans le monde, pour mon plus grand bonheur. Fan de sports de glisse, je délaisse pendant quelque temps le ski et le snowboard pour le surf, un sport dans lequel je compte bien progresser. Que l’aventure commence !
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