Décidément, l’année 2020 restera longtemps comme l’année de toutes les surprises. Parmi vous, qui aurait cru qu’un camembert primé à Lyon serait… breton ! Et pourtant c’est l’incroyable exploit qu’ont réalisé deux producteurs installés dans les Côtes d’Armor. Une bien belle histoire qu’on a à cœur de vous raconter.
Quels bretons peuvent bien se cacher derrière ce camembert primé à Lyon ?
Impossible n’est pas breton, c’est ce qui définit le mieux Angelina et Ludovic. Le camembert primé à Lyon, c’est eux. En effet, depuis 2009, monsieur s’active chaque jour pour bichonner ses quelques 70 vaches laitières. Le lait, produit par ces dames, est alors vendu en laiterie. En 2019, Angelina laisse son métier d’infirmière pour venir travailler aux côtés de son mari. Ainsi, la ferme Meugh’lait créer son propre atelier de transformation dans lequel sont fabriqués crème, beurre, tomme ou encore le fameux camembert !
Chez les Poilvet, on aime le contact humain. C’est pourquoi, nos deux amis bretons vendent une partie de leurs produits directement à la ferme. L’autre est livrée par Ludovic en personne à des grandes surfaces, des épiceries ou à des agriculteurs de proximité qui font eux-mêmes également de la vente à la propriété.
De Saint-Rieul à Lyon
Quand Angelina et Ludovic reçoivent le dossier de participation au concours international de Lyon, ils le mettent d’abord de côté. Mais c’est sans compter sur l’âme de compétiteur de ce dernier, qui en bon vététiste aguerri, y voit l’occasion de faire évaluer ses produits. En effet, un an après leur début dans la transformation, le couple entrevoit l’opportunité de soumettre ses créations aux critiques de professionnels de renom. Car si le concours de Lyon établit un classement entre les candidats, il leur remet également des fiches. Ces dernières contiennent des appréciations et des notes qui constituent un retour enrichissant et constructif pour les participants.
Mesures sanitaires oblige, c’est sans public et à distance que se déroule la compétition. Nos deux bretons expédient donc leur futur camembert primé à Lyon. Mais ce n’est pas tout. Convaincus de la gourmandise de leur crème crue, et soucieux d’en obtenir les avis, ils envoient également un échantillon de leur production dans la capitale du goût.
La médaille d’or est décernée à… ?
7 740 produits venus de 41 pays sont dégustés par des spécialistes internationaux. Les candidats sont évalués selon différents critères : le goût, l’odorat, la texture, l’harmonie et le visuel. La crème d’Angelina et Ludovic décroche la médaille d’or 2021 de la catégorie « crème crue ». Une première victoire qui en appelle une autre, bien plus surprenante. En effet, le camembert de la famille Poilvet termine à la première place de la catégorie « camembert autres ». Une médaille d’or partagée avec des ténors du camembert : les maisons normandes Isigny Sainte-Mère-Petit et Isigny Sainte-Mère-Camembert.
Vers une relance de la guéguerre entre normands et bretons ?
A cette question, la réponse d’Angelina est sans appel : « Non ! ». Son camembert primé à Lyon a concouru dans la catégorie qui lui était réservée (« camembert autres »). Par conséquent, son prix ne peut en aucun cas être contesté par des normands les dénonçant d’arrivistes. Il est incontestable que ces derniers soient les maîtres en ce qui concerne ledit fromage. Néanmoins au concours de Lyon, la catégorie « camembert de Normandie AOP » leur est exclusivement réservée. Sans l’appellation qui protège le savoir-faire normand, aucun autre « claquos » ne peut prétendre à concourir dans cette catégorie. A l’inverse, les fromages normands peuvent affronter les adversaires venus d’ailleurs… À leurs risques et périls !
« Avant d’expédier notre camembert à Paris ou en Espagne, on aimerait le faire découvrir aux bretons. » Angelina Poilvet
Grâce à leurs titres de vainqueurs, nos éleveurs bretons peuvent apposer sur les produits primés, leurs médailles d’or dûment gagnées pendant une durée de 2 ans. Quant aux retombées, elles ne se sont pas faites attendre. On est venu de la pointe du Finistère pour en acheter. Depuis Concarneau aussi, on s’intéresse au camembert primé à Lyon. Enfin, des demandes d’expédition sont carrément arrivées d’Espagne ! Une success story qui donne à Angelina et Ludovic l’envie de faire voyager un peu plus le fruit de leur travail. Mais parce qu’ils gardent la tête sur les épaules, ils souhaitent avant tout partager leurs victoires et l’excellence de leurs produits avec la communauté bretonne.
Ambitieux, nos sympathiques éleveurs bretons entendent bien participer à d’autres concours. Un exercice idéal selon eux, de progresser dans l’élaboration de leurs produits. Pour ce qui est de leur camembert primé à Lyon, force est de constater qu’il a légèrement relancé la guéguerre entre bretons et normands. Ne dit-on pas que le fromage est une histoire de caractère ?