À chaque langue son alphabet ! Et l’alphabet breton existe aussi, ça n’échappe pas à la règle ! Pour cette première leçon (Kentel en breton) l’équipage Port d’Attache vous invite à découvrir notre alphabet celtique. Car oui ! Il diverge légèrement de son acolyte français, et permet de mieux comprendre la phonétique de ses mots. On ouvre bien grand ses yeux, on se pose confortablement dans sa chaIse… Nous revoilà tous en maternelle !
L’alphabet breton que c’est !
A – Se prononce comme en français, mais attention il peut être plus ou moins long. Car dans nos contrées bretonnes, qu’elles soient dans les terres ou proches de la mer… Les accents, il y en a des mille et des cents !
AE – Se réduit le plus souvent à « è » sauf dans certaines régions.
AN – Se prononce comme en français dans « en avant de Guingamp ». La prononciation figurée est représentée par « an ».
AO – Se réduit le plus souvent à o ou ò ! Sauf, là aussi dans certaines régions, où il devient « aw ». Le populaire « Breizh Atao » peut donc se voir prononcé à différentes sauces suivant l’endroit où vous mettez les pieds !
AOU – Se prononce « ow ».
Exemple : « An Daoueoù » = Les Tas de Pois. Pour ceux qui n’y sont jamais passés, l’endroit vaut le coup d’oeil !
B – Idem qu’en français, comme dans « bon » (prononciation figurée : b). Bref, tout pareil.
CH – Comme en français dans « chenille » (prononciation figurée ch).
C’H – Ce c apostrophe h est une particularité de l’alphabet breton et est prononcé de différentes manières. Dans la prononciation figurée il sera représenté par HH.
On l’entendra bien dans « merc’h » (mèrHH) – « fille » en breton.
Mais en position interne il est souvent plus faible comme un h bien aspiré que nous retrouvons dans « merc’hed » (mèr-Hèt) – « filles » (pluriel de merc’h). On l’entend très fortement en initiale de certains mots comme « c’hoazh » (HHwaas) « encore ». Le breton est une langue de caractère !
D – Comme en français dans « dindon » (oui c’était le premier mot qui me venait à l’esprit…). Prononciation figurée : d.
E – Sa prononciation est tout comme la lettre A, soit courte, soit longue. Elle oscille entre « é » (prononciation figurée : é) comme dans « fée » et « è » (prononciation figurée : è) comme dans « voguait ». Hors accent il peut prendre un son neutre (prononciation figurée : e), comme dans le français « pleut » ou « bleu ».
EI – Comme en français dans « reine » (prononciation figurée : èï).
EÑ – Et oui, il n’y a pas seulement qu’en langue hispanique que les n sont tildés ! Cette lettre représente un son que l’on a dans le français « vient » (prononciation figurée : èñ), ou un son plus fermé qui n’existe pas en français (é nasal). Le breton, langue qui a du nez !
EU – Comme dans le français « feu » (prononciation figurée : eu).
EUÑ – Prononciation nasale de ce dernier, comme dans le français « embrun » (prononciation figurée : euñ).
F – Comme en français dans « français »… Justement (prononciation figurée : f) !
G – Toujours comme si on écrivait « gu- » comme dans « guet » (prononciation figurée : g).
GN – Comme en français dans « pignon » (prononciation figurée : gn).
GW – Se prononce comme dans « Gwen » (prononciation figurée : gw).
H – Le h aspiré n’est pas audible dans toutes les régions, en outre il peut disparaître en liaison ou en milieu de mot (prononciation figurée : h). D’où les accents différents suivant l’endroit où nous nous trouvons en Bretagne !
I – Comme en français dans « balise » (prononciation figurée : i).
IÑ – Est un son que l’on reproduit en prononçant le i par le nez (pour ceux touchés par le rhume des foins… Cette lettre est cadeau pour vous). Hors accent, il n’y a aucun inconvénient à le prononcer comme un i ordinaire, par exemple pour les terminaisons verbales : « dés-kiñ » – « apprendre » (prononciation figurée: iñ).
J – Comme en français dans « jolie » (prononciation figurée : j).
K – Comme en français dans « koala » (prononciation figurée : k).
L – Comme en français dans « lourd » (prononciation figurée : l).
LH – Comme en français dans « guenille » ou « famille » (prononciation figurée : ly).
M – Comme en français dans « Monts d’Arrée » (prononciation figurée : m). Notre magnifique massif armoricain, dépaysement garanti !
N – Comme en français dans « navire » (prononciation figurée : n).
NK – Le n se prononce comme dans parking (prononciation figurée : ñg).
O – Comme en français dans « nord ». Attention il peut être aussi plus ou moins fermé (prononciation figurée : o).
Lorsque le o est très fermé, il peut tendre vers le son du ou- ! À contrario le o très ouvert reste un simple o.
OÑ – Comme en français dans « pharaon » (prononciation figurée : oñ).
OU – L’association de o + u donne en breton la représentation du même son qu’en français dans « coupe » (prononciation figurée : ou).
OÙ – Prononciation variable selon les régions, mais le plus souvent « ou » (prononciation figurée : ou). Pas de grande divergence avec la lettre ci-dessus, si ce n’est la prononciation qui peut être accentuée sur celle-ci.
P – Comme en français dans « pirate » ou « paradis » (prononciation figurée : p) !
R – Parfois roulé et sonore (prononciation figurée : r). Voilà, l’accent breton n’aura plus aucun secret pour vous.
S – Toujours prononcé et dur en milieu de mot, jamais équivalent du z, comme dans « suspense » (prononciation figurée : s ou ss).
T – Comme en français dans « Trinité sur mer » (prononciation figurée : t). Belle ville du Morbihan dans le 56 !
U – Comme en français dans « perdu » (prononciation figurée : u).
UÑ – Même remarque que pour iñ (prononciation figurée uñ). Molette et souris vers le haut pour les moins attentifs !
V – Se prononce comme en français dans « Vannes » (prononciation figurée : v). Mais peut aussi se prononcer dans certains cas comme un w.
W – Se prononce comme dans « whisky » (prononciation figurée : w).
Y – Comme en français dans « youpi » (prononciation figurée : y) !
Z – Comme en français dans « zéro » (prononciation figurée : z).
ZH – Une autre particularité qui se prononce comme un h dans le pays de Vannes et z ailleurs. C’est souvent l’évolution d’un ancien « th », comme dans l’anglais thing par exemple (Prononciation figurée : z).
L’alphabet breton peut donc décliner une seule lettre en plusieurs fois ! Selon sa prononciation et l’origine du territoire où on la prononce.
Cet alphabet ignore les lettres C, Q et X et comporte en principe vingt-cinq lettres. Vous voilà armés pour une prochaine leçon : apprendre à compter en breton.