Qui étais-tu Père Jaouen ? Toi, l’infatigable pape des paumés

Entrepreneuriat Qui étais-tu Père Jaouen ? Toi, l’infatigable pape des paumés

Cette semaine, un grand bonhomme s’est éteint à l’âge de 95 ans, d’un bel âge et d’une vie bien remplie. Ces mots du père Jaouen nous laissent aujourd’hui un peu tous orphelin :

« Bienvenue à bord du Bel Espoir »

Ce monument de générosité n’a jamais cessé d’oeuvrer pour redonner confiance à ceux qui se pensaient égarés. Un breton à grande gueule qui n’avait peur de rien, un véritable « Paotred Dispount ».

Traduction bretonne : Paotred Ddispount = Gars sans peur
Traduction bretonne : Paotred Ddispount = Gars sans peur

Bon sang, que cette franchise et cette hargne de rendre le monde meilleur tendent à se perdre ! Des valeurs que nous partageons au sein de notre équipage. Voilà pourquoi, ces quelques lignes sont en l’honneur de Michel Jaouen, mais aussi, de chaque lecteur qui voudra se reconnaître en ce personnage charismatique.

Le redresseur d’âme, le patriarche, le pape des paumés.

L’histoire de cet infatigable capitaine commence à l’extrémité Ouest de la France métropolitaine, au coeur d’un collier insulaire, suspendu entre ciel et mer. Ouessant le 6 octobre 1920, berceau d’un sacré personnage à la grande âme.

Jésuite, il deviendra prêtre dès 1951, sonnant les prémisses de ses actions charitables. Il est alors aumônier de la prison de Fresnes et y créera l’AJD : l’Aumônerie de la jeunesse délinquante. Dont la vocation était de mettre sur les bons rails la vie des jeunes à leur sortie.

Cette boussole de l’avenir fait encore aujourd’hui des heureux sous le nom de l’AJD : l’Association des amis du Jeudi-Dimanche. Clin d’oeil aux anciennes sorties en autocar des « paumés » qui voulaient se réinsérer et qui s’organisaient sur ces jours de la semaine.

Bretonnerie : Le père Jaouen
Bretonnerie : Le père Jaouen

C’est que les bus en ont fait du chemin avec le père Jaouen, amenant ce beau petit monde aux portes de la liberté. Du moins, sa vision de la délivrance, un lieu sans contrainte et sans limite.

Le paradis du père Jaouen est son port d’attache : l’Aber-Wrac’h.

La boussole pointe droit vers l’Ouest, c’est dans le Finistère que le redresseur d’âme va s’efforcer de donner un nouveau souffle à 15 000 jeunes en difficulté. La mer contre la galère !

Connaître la paix en passant par le chantier de l’enfer

L’idée du père Jaouen est à la fois simple et riche de sens, former ceux en perte de vitesse aux métiers liés à la mer. « Plutôt vague comme destination » diront certains et c’est bien là le génie de la situation. D’ailleurs, le patriarche en souriait lui-même :

Ici il y a de la flotte, mais c’est de la flotte qui donne du travail. Formations et initiations aux métiers de la mer, c’est large, c’est tout ! Parce qu’en mer il y a tous les métiers, même la cuisine. Les portes sont ouvertes là !

C’est ça qui caractérisait le père Jaouen, un franc parlé doté de son bon sens. Aujourd’hui encore, c’est au Moulin de l’Enfer, dans un bras mort de l’Aber-Wrac’h (Lannilis) que des dizaines d’apprentis poursuivent cette philosophie.

Bretonnerie : L'AJD et ses trois mâts
Bretonnerie : L’AJD et ses trois mâts

La flotte de l’AJD est une grande famille, dont les aînées sont des goêlettes trois-mâts répondant aux noms de :

Bel Espoir & Rara Avis

Après tout, il n’y a rien de mieux que de prendre la mer pour rompre avec le quotidien. Le père Jaouen l’avait bien compris, c’est en s’éloignant des côtes que ceux en manque de repères s’éloigneront de leurs tracas.

Père Jaouen, le phare des égarés

Un grand bonhomme s’est éteint à l’âge de 95 ans. Un redresseur d’âme, un patriarche, un pape des paumés. Voilà ce qu’était le père Jaouen, un exemple.

Si nous prenions en nous tous un peu de ce grand monsieur, certaines peines paraîtraient moins difficiles à porter et certains labeurs moins lourds à traverser. À cet homme qui a donné plus de sourires que nous en donnerons dans toute une vie, à ce type qui symbolise les valeurs de partage, de générosité et d’implication…

Kenavo.

Je suis le capitaine qui aime jouer avec les mots. Après des études dans le commerce et les finances, j'ai conservé cette attirance pour les joutes verbales. Ma philosophie est simple, mieux vaut danser sous la pluie plutôt que d'attendre le soleil.
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Ergué-Gabéric
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